Privatisation des terres. Le droit à la terre demain ?
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Privatisation des terres. Le droit à la terre demain ?
Je précise qu'il ne s'agit que de l'accentuation d'un problème en marche depuis de nombreuses années
la course à l’acquisition de vastes surfaces de terres cultivables
est lancée par des États, des multinationales et, depuis quelques mois, des
fonds spéculatifs.
Des millions d’hectares sont actuellement achetés ou loués dans les
pays pauvres par des gouvernements, des multinationales et des
investisseurs privés. Conséquence de ce vaste mouvement : les terres
fertiles sont privatisées et concentrées au main d’un seul
propriétaire, avec à la clé l’expulsion des petits exploitants
agricoles et la disparition de leurs moyens de subsistance.
[...]
Gouvernements, grandes entreprises et fonds spéculatifs n’ont pas les
mêmes objectifs. Les premiers - Chine, Corée du Sud, Japon, Inde,
Arabie Saoudite, Émirats Arabes Unis, pour les principaux - souhaitent
assurer une sécurité alimentaire pour leur population en se lançant
dans la production céréalière et de viande plutôt que de recourir aux
importations dépendantes des fluctuations des cours mondiaux. Les
multinationales et les fonds spéculatifs, crise financière aidant, ont
déserté les marchés dérivés pour se tourner vers ce nouvel eldorado.
[...]
La Chine a ainsi acquis 2,1 millions d’hectares (soit
l’équivalent de la Slovénie) en Amérique du Sud, en Afrique, en Asie du
Sud-Est et en Australie. L’empire du Milieu voit ses surfaces agricoles
disparaître à mesure que l’industrie gagne du terrain et sollicite de
plus en plus de ressources en eau. Avec des réserves de devises
estimées à 1800 milliards de dollars, la Chine a suffisamment d’argent
pour honorer la trentaine d’accords de coopération agricole conclus ces
dernières années. Du Kazakhstan au Queensland (Australie) et du
Mozambique aux Philippines, les entreprises chinoises cultivent riz,
soja, maïs, canne à sucre, manioc, sorgho, en échange de technologies,
de formation et de fonds de développement d’infrastructures.
Les monarchies du golfe possèdent désormais environ 3
millions d’hectares au Soudan, au Pakistan ou en Indonésie. Suite à
l’augmentation des prix alimentaires sur le marché mondial et à la
chute du dollar, les pays du Golfe persique ont vu, en cinq ans, la
facture de leurs importations bondir de 8 à 20 milliards de dollars.
L’Arabie Saoudite a annoncé le 23 février dernier vouloir investir en
Afrique du Sud et aux Philippines pour cultiver bananes, mangues,
ananas, riz, maïs et viande bovine. Toutes ces denrées seraient
destinées au marché saoudien. Israël prépare une visite officielle le
16 mars au Cambodge. « Je pense qu’ils cherchent des terres arables
pour faire pousser du riz et des légumes », a commenté Nguon Meng Tech,
le directeur général de la chambre de commerce cambodgienne.
[...]
La banque d’investissement Morgan Stanley est propriétaire de 40 000
hectares en Ukraine, grenier à blé de l’Europe. Le fonds spéculatif
russe Renaissance Capital possède 300 000 hectares, toujours en
Ukraine. L’entreprise lituanienne Agrowill, les Suédois Alpcot Agro et
Black Earth Farming investissent massivement en Russie. Le fonds
d’investissement américain Black Rock vient d’annoncer la constitution
d’un fonds spéculatif agricole de 300 millions de dollars, dont 30
millions sont dédiés à des acquisitions de terre. Le britannique Dexio
Capital souhaite acheter 1,2 million d’hectares de steppes russes. La
société française Louis Dreyfus Commodities qui possède 60 000 hectare
au Brésil est actuellement intéressée par l’achat ou la location de
terres au Nigeria et en Afrique subsaharienne.
[...]
« La terre est devenue une ressource rare. Le changement climatique
entraîne une désertification à un rythme accéléré. Des centaines de
milliers d’hectares de terres arables vont disparaître dans les
prochaines années, expliquait au quotidien en ligne Mediapart, Olivier
de Schutter, rapporteur spécial des Nations unies pour le droit à
l’alimentation. D’autre part, la terre cultivée est épuisée,
conséquence d’une agriculture intensive et d’un recours systématique
aux engrais chimiques. Parallèlement, la demande de matières premières
agricoles progresse, en raison de l’accroissement de la population
mondiale, mais aussi de la modification des habitudes alimentaires. »
Ce qui est rare étant cher, cela se traduit pour les prévisionnistes
des marchés par une augmentation des prix des denrées, par un fructueux
placement et par une pression accentuée pour obtenir plus de terres
agricoles.
[...]
Au niveau mondial, 4% des propriétaires fonciers sont à la tête de la
moitié des terres cultivées. Pourtant, la kyrielle d’études produites
dans le domaine agricole ont prouvé que les petites exploitations sont
plus rentables que les grandes exploitations industrielles. Une étude a
démontré qu’en Turquie, les fermes familiales de moins d’un hectare
produisent proportionnellement vingt fois plus que les exploitations de
plus de 10 hectares.
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Raffa- Modérateur à temps partiel
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