Crise bancaire au Liban

Les groupes de troc, nés avec la crise, sont désormais populaires sur les réseaux sociaux. « Avant, je faisais des donations. Maintenant c’est moi qui ai besoin d’aide », confie une mère de famille qui compte désormais sur la générosité des internautes.

Des files d'attente pendant des heures, des bagarres à couteaux tirés, des coups de feu : ces dernières semaines des scènes de chaos se sont multipliées autour des stations-services au Liban, alors que le pays fait face à une grave pénurie de produits hydrocarbures. Notre Observateur à Beyrouth raconte le calvaire et “l'humiliation" ressentis par les Libanais devant cette nouvelle conséquence de la crise économique qui mine le pays.

Faute de mazout pour alimenter les groupes électrogènes tournant à plein régime suite au rationnement sévère du courant fourni par l'Etat, les supermarchés et les boulangeries pourraient être contraints de fermer leurs portes, ont mis en garde des organisations syndicales de ces deux secteurs essentiels, dans un Liban en plein marasme socio-économique. 

Plus tôt dans la journée, la fédération des syndicats des boulangeries au Liban avait lancé un appel à l'aide similaire. "Les boulangeries de toutes les régions du Liban pourraient devoir se mettre à l'arrêt en raison de la grave pénurie de mazout, un produit devenu hors de portée", a mis en garde l'organisation syndicale dans un communiqué. "Les boulangeries et les fours à pain ont épuisé toutes leurs réserves de mazout. Les quantités disponibles ne sont pas suffisantes. Cela peut affecter la production des boulangeries, notamment des grands établissements qui distribuent leurs produits dans les différentes régions", a-t-elle ajouté, soulignant que les minoteries sont également touchées par cette crise. Déplorant "l'absence de conscience des responsables" vis-à-vis de ces pénuries, les syndicats ont exprimé la crainte d'une "crise du pain" et plaidé pour que les responsables leur garantissent des stocks de mazout. 

Kyraly a écrit:Ca fout les boules, ca ressemble a un avant gout de l'avenir...

Pannes généralisées des télécoms, rationnement encore plus accru du courant électrique, files interminables devant les stations d'essence où presque chaque jour des incidents sécuritaires sont signalés : les Libanais vivaient mardi une nouvelle journée infernale dans un pays à la dérive, près d'une semaine après une rapide détérioration de la situation en raison d'une crise d'hydrocarbures paralysante sur tout le territoire.

Dans cette région parmi les plus défavorisées du pays, les coupures des télécommunications ont provoqué des problèmes dans le secteur bancaire et de production, ainsi que dans de nombreuses institutions publiques et privées, autant de filières qui souffrent déjà d'un cruel manque d'électricité et d'eau.

Les pénuries qui s'accentuent paralysent en effet de nombreux secteurs et acheminent tout le Liban vers un black-out total. Le pays n'a plus de liquidités suffisantes pour se procurer le fuel nécessaire à faire fonctionner ses centrales électriques. Et les générateurs privés, qui prennent normalement le relais lors des périodes de rationnement du courant public, ne parviennent pas à se procurer du mazout sur fond de pénuries de carburant.

Electricité de Zahlé (EDZ) a annoncé mardi la mise en place d’un rationnement de huit heures quotidiennes dans les régions qu'elle approvisionne habituellement en courant électrique, n'ayant pas pu se procurer suffisamment de mazout pour respecter le programme de rationnement préalablement annoncé. Cette mesure intervient au moment où "le courant électrique normalement fourni par Electricité du Liban (EDL) est complètement coupé depuis 40 heures", a précisé EDZ dans un communiqué.
Pourtant, ces derniers jours, l'armée ne cesse d'annoncer des saisies de grandes quantités d'hydrocarbures stockés illégalement, vraisemblablement destinés au marché noir ou pour le trafic vers la Syrie. Ce qui prouve que des quantités suffisantes sont présentes sur le territoire, sauf qu'elles sont accaparées par certaines personnes. La troupe perquisitionne aussi des stations-service qui étaient fermées à travers le pays, obligeant leurs propriétaires à vendre leurs stocks. Dans ce contexte, elle a annoncé mardi avoir perquisitionné un entrepôt dans la cité industrielle de Zouk Mosbeh et y avoir saisi 65.000 litres de mazout et 48.000 litres d'essence et un autre contenant 30.000 litres de diesel à Amchit. L'armée les a ensuite distribués à des hôpitaux et des boulangeries de la région.

combats armés dans des rues de Beyrouth qui ont fait au moins six morts et une trentaine de blessés. Ces combats ont éclaté en marge d'une manifestation organisée en matinée par des militants du Hezbollah et du mouvement Amal contre le juge Tarek Bitar, en charge de l'enquête sur l'explosion du 4 août 2020 au port de Beyrouth. Les accrochages opposaient vraisemblablement des miliciens du Hezbollah et d'Amal à d'autres positionnés dans des quartiers chrétiens avoisinant le secteur de Tayyouné. Le rassemblement ce matin devant le palais de Justice de la capitale s'inscrit dans une politique claire de pressions et d'intimidations contre le magistrat de la part du tandem Hezbollah-Amal, ce qui fait craindre d'autres sérieux dérapages sécuritaires dans le pays.

Le Hezbollah a peur de l’enquête sur la double explosion du port de Beyrouth.