Radioprotection : Etude INWORKS sur les faibles doses & review de Prescrire
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Radioprotection : Etude INWORKS sur les faibles doses & review de Prescrire
Salut,
Le numéro 397 de Prescrire (une référence dans l'information médicale) de novembre 2016 a fait un petit topo sur l'étude INWORKS dans l'article "Irradiation chronique dans l’industrie nucléaire : des effets nocifs avérés".
Je me permets de vous citer quelques morceaux choisis
Pour info, une courte review de l'étude INWORKS est téléchargeable ici :
http://www.irsn.fr/FR/Actualites_presse/Actualites/Documents/IRSN-Note-INWORKS-23062015.pdf
Je me pencherai prochainement sur les méthodes de calcul de cette étude car la conclusion est très grave.
En effet, une relation linéaire sans seuil, actuellement appliquée en radioprotection par principe de précaution, mais rejetée par l'Académie de Médecine, mettrait en défaut les dernières propositions de décret visant à modifier les critères de gestion des zones contaminées après un accident nucléaire, notamment en fixant des seuils "relativement" élevés; ainsi que beaucoup d'éléments exposant le public d'ordinaire.
Pour ma part, j'aimerais connaître :
- la répartition des cancers/décès selon les effectifs. Si 94% de l'effectif a reçu moins de 100mSv, et 99% moins de 300mGy, cela signifie qu'environ 15000 personnes ont auraient reçu entre 100 et 300mGy (avec un facteurs de pondération de 1), et environ 3000 personnes auraient reçu plus de 300mGy.
Sachant que dans cette étude, on estime à 1 décès pour 10000 individus par exposition, ce qui représente 30 cas sur les 308000 personnes....
- le type d'exposition VS mortalité : j'ai lu qu'environ 13% des patients (40000) suivis avaient été exposés aux neutrons, ce qui est relativement rare pour le public et concerne avant tout les travailleurs nuke et médicaux. La RLSS pourrait-elle être particule-dépendante ? De même que certains auraient été contaminés par ingestion/inhalation.
Le numéro 397 de Prescrire (une référence dans l'information médicale) de novembre 2016 a fait un petit topo sur l'étude INWORKS dans l'article "Irradiation chronique dans l’industrie nucléaire : des effets nocifs avérés".
Je me permets de vous citer quelques morceaux choisis
Selon des données d’une cohorte d’environ 300 000 travailleurs du nucléaire, des doses d’irradiation considérées comme faibles mais répétées dans le temps exposent à un risque accru de leucémies et de tumeurs cancéreuses solides.
Les rayonnements ionisants exposent à des effets nocifs à long terme tels que des cancers et des anomalies génétiques. La fréquence de survenue de ces effets augmente avec la dose reçue, mais ils n’ont pas de seuil connu d’apparition. Quelques études montrent un lien entre irradiation à faibles doses et cancers, notamment des leucémies. Une étude dite INWORKS, publiée en 2015, a apporté de nouveaux éléments qui précisent et quantifient ce lien.
Environ 300 000 travailleurs de l’industrie nucléaire suivis pendant 27 ans :
L’étude dite INWORKS a analysé les risques de mort par leucémies ou par tumeurs cancéreuses solides chez des travailleurs de l’industrie nucléaire en France, au Royaume Uni et aux États Unis. L’étude a été menée chez 308 297 personnes (dont 13 % de femmes) qui avaient travaillé dans l’industrie nucléaire au moins une année. Le suivi a duré en moyenne 27 ans, avec une durée moyenne d’exposition professionnelle de 15 ans. La dose individuelle moyenne d’irradiation, cumulée sur la durée de l’activité professionnelle, a été estimée à environ 25 millisieverts (mSv) (médiane de 3,4 mSv), avec une moyenne annuelle de 1,7 mSv.
Par comparaison, en France, les limites de doses individuelles réglementaires pour le corps entier sont de 20 mSv par an pour les travailleurs exposés, et de 1 mSv par an dans la population générale, non comptées les expositions médicales.
5 % des leucémies attribuables à une irradiation professionnelle :
À la fin du suivi de cette cohorte, 66 632 travailleurs étaient morts (22 %), dont 814 de lymphomes, 531 de leucémies (sauf leucémies lymphoïdes chroniques) et 293 de myélomes multiples. Cumulée sur la durée de l’activité professionnelle, la dose reçue au niveau de la moelle osseuse était en moyenne d’environ 16 milligray (mGy) (médiane 2,1 mGy). Environ 10 000 travailleurs (3 %) avaient reçu entre 100 et 500 mGy, et 80 % avaient été exposés à moins de 20 mGy. Un peu plus de la moitié des travailleurs morts de leucémies avaient reçu une dose cumulée inférieure à 5 mGy.
L’analyse a montré que le risque relatif de mort par leucémie augmentait linéairement avec la dose cumulée reçue, surtout le risque de mort par leucémie myéloïde chronique. Chaque dose de 100 mGy a été associée à une augmentation d’environ 30 % du risque de mourir d’une leucémie.
Il n’a pas été montré d’augmentation statistiquement significative du risque de mourir de lymphome ou de myélome multiple en fonction de la dose cumulée reçue.
Selon l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN) français qui a participé à cette étude, environ 5 % des morts par leucémies observées dans cette cohorte sont attribuables à l’exposition professionnelle externe aux rayonnements ionisants.
Ces résultats sur la relation dose/effet sont similaires à ceux observés chez les survivants exposés aux bombes atomiques de 1945.
Augmentation du risque de mourir d’un cancer. D’autres résultats de cette cohorte ont porté sur le risque de tumeur cancéreuse solide, toutes localisations confondues. L’étude a comporté deux analyses, dont l’une après exclusion des cancers du poumon afin de prendre en compte un biais potentiel lié au tabagisme.
17 957 travailleurs de la cohorte sont morts d’une tumeur cancéreuse solide. Chaque dose de 100 mGy (dose estimée au niveau du côlon) a été associée à une augmentation d’environ 5 % du risque de mourir d’une tumeur cancéreuse solide. L’estimation du risque a été similaire après exclusion des cancers du poumon.
Les résultats ont montré que le risque de mourir d’un cancer hors leucémie augmentait linéairement avec la dose cumulée reçue.
Les auteurs de cette étude ont estimé que environ 1 % des morts par cancers hors leucémies observées dans cette cohorte sont attribuables à l’exposition professionnelle externe aux rayonnements ionisants. L’étude dite Inworks confirme la nocivité des doses d’irradiation faibles et étalées dans le temps. L’ensemble de ces données est préoccupant pour la santé des travailleurs les plus exposés.
Pour info, une courte review de l'étude INWORKS est téléchargeable ici :
http://www.irsn.fr/FR/Actualites_presse/Actualites/Documents/IRSN-Note-INWORKS-23062015.pdf
Les 308 297 travailleurs inclus dans INWORKS ont fait l’objet d’un suivi épidémiologique en moyenne pendant 27 ans. La dose moyenne reçue par les travailleurs dans le cadre de leur poste de travail est de 25 mSv1, cumulés sur la durée de l’activité professionnelle, dont la moyenne est de 15 ans. La dose annuelle moyenne est inférieure à 2 mSv. Plus de 94 % de la population étudiée a cumulé moins de 100 mSv. Au total, plus de 66 600 décès ont été enregistrés dans la cohorte, dont 531 par leucémie (hors leucémie lymphoïde chronique2), 814 par lymphome et 293 par myélome multiple. Les résultats montrent que le risque de leucémie (hors leucémie lymphoïde chronique) est multiplié par un facteur 4 pour une augmentation de la dose reçue à la moelle osseuse de 1 000 mGy3. Cette relation reste statistiquement significative pour les travailleurs ayant reçu une dose à la moelle osseuse en dessous de 300 mGy, ce qui représente 99 % des individus inclus dans l’étude. Il est important de noter que dans la cohorte étudiée, la dose moyenne à la moelle osseuse cumulée par les travailleurs est de 16 mGy.
Traduit en termes de risque au sein de la population étudiée, cette relation indique que la probabilité additionnelle de décès par leucémie attribuable à l’exposition aux rayonnements ionisants est de l’ordre à 1 décès pour 10 000 individus, à comparer à la probabilité globale observée de décès par leucémie qui est d’environ 2 décès pour 1 000 individus.
Je me pencherai prochainement sur les méthodes de calcul de cette étude car la conclusion est très grave.
En effet, une relation linéaire sans seuil, actuellement appliquée en radioprotection par principe de précaution, mais rejetée par l'Académie de Médecine, mettrait en défaut les dernières propositions de décret visant à modifier les critères de gestion des zones contaminées après un accident nucléaire, notamment en fixant des seuils "relativement" élevés; ainsi que beaucoup d'éléments exposant le public d'ordinaire.
Pour ma part, j'aimerais connaître :
- la répartition des cancers/décès selon les effectifs. Si 94% de l'effectif a reçu moins de 100mSv, et 99% moins de 300mGy, cela signifie qu'environ 15000 personnes ont auraient reçu entre 100 et 300mGy (avec un facteurs de pondération de 1), et environ 3000 personnes auraient reçu plus de 300mGy.
Sachant que dans cette étude, on estime à 1 décès pour 10000 individus par exposition, ce qui représente 30 cas sur les 308000 personnes....
- le type d'exposition VS mortalité : j'ai lu qu'environ 13% des patients (40000) suivis avaient été exposés aux neutrons, ce qui est relativement rare pour le public et concerne avant tout les travailleurs nuke et médicaux. La RLSS pourrait-elle être particule-dépendante ? De même que certains auraient été contaminés par ingestion/inhalation.
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Re: Radioprotection : Etude INWORKS sur les faibles doses & review de Prescrire
Salut,
Très intéressant, merci! Cela remet en question des choses, même s'il y a beaucoup de questions que cela soulève. Je suis surpris de ne pas avoir entendu parler plus tôt de cela, puisque l'étude sur les leucémie date de 2015 (pour ceux que ça intéresse, elle semble librement téléchargeable ici, en anglais cela va de soi: http://www.thelancet.com/journals/lanhae/article/PIIS2352-3026(15)00094-0/abstract ), même si dans le cas des leucémies justement l'hypothèse nulle reste dans l'intervalle de confiance à 90% pour les doses inférieures à 100mGy...
Aurais-tu les ref de l'étude sur les cancers hors leucémie? Elle n'est pas indiquée dans le doc de l'IRSN.
L'article sur la méthodologie semble être uniquement en accès payant (mais disponibles sur les sites habituels... ) donc je ne mets pas de lien.
Une question: les leucémies lymphoïdes chroniques que l'étude exclut pour avoir un résultat significatif ne sont elles pas en "temps ordinaire" les plus fréquentes?
Très intéressant, merci! Cela remet en question des choses, même s'il y a beaucoup de questions que cela soulève. Je suis surpris de ne pas avoir entendu parler plus tôt de cela, puisque l'étude sur les leucémie date de 2015 (pour ceux que ça intéresse, elle semble librement téléchargeable ici, en anglais cela va de soi: http://www.thelancet.com/journals/lanhae/article/PIIS2352-3026(15)00094-0/abstract ), même si dans le cas des leucémies justement l'hypothèse nulle reste dans l'intervalle de confiance à 90% pour les doses inférieures à 100mGy...
Aurais-tu les ref de l'étude sur les cancers hors leucémie? Elle n'est pas indiquée dans le doc de l'IRSN.
L'article sur la méthodologie semble être uniquement en accès payant (mais disponibles sur les sites habituels... ) donc je ne mets pas de lien.
Une question: les leucémies lymphoïdes chroniques que l'étude exclut pour avoir un résultat significatif ne sont elles pas en "temps ordinaire" les plus fréquentes?
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