1953 - 2013 : deux familles moyennes

très bon article sur Agoravox : la vie de deux familles moyennes à 60 ans d'écart. Ca vaut vraiment la lecture. Témoignages fictifs mais tout à fait réalistes.

http://www.agoravox.fr/actualites/societe/article/1953-versus-2013-paradoxe-des-130068

Les commentaires valent aussi la lecture. La quantité de personnes conscientes qu'on est à un sommet de confort et de richesse et qu'on va redescendre, c'est assez impressionnant. J'aurais cru que cette prise de conscience était limité à quelques olduvaïens !

J'ai bien aimé aussi l'épisode en 2023 dans les commentaires ; même s'il est écrit sans doute plus vite et avec moins de recherche, il y a quelques belles trouvailles.

On est en plein dans la question de l'évolution du style de vie avec paupérisation progressive, malgré des conditions de vie globalement bien plus confortables que 60 ans plus tôt (matériellement en tout cas). En plein dans le philippe13, quoi.

Je suis né en 1955, mes premiers souvenirs datent de 1958. La vie de la première famille c'est la vie de tout le monde en ville à l'époque, cela changera à partir de 1960 et en 1968 ce sera devenu nettement minoritaire.

Remarques:

-Un montreur d'ours, sur un marché à Paris c'était déjà fini depuis 50 ans.

-En 1953 un métro Sprague vert et rouge n'était pas vieux pour du matériel ferroviaire (23 ans)

-Les cuisinières à charbon étaient remplacées à toute vitesse, premier progrès en effet

-La sortie au cinéma de quartier-un peu minable et inconfortable - était bien plus répandue qu'ils ne disent. La vraie sortie rare c'était le cinéma luxueux des beaux quartiers comme le Rex à Paris

Philippe13 a écrit:
-Un montreur d'ours, sur un marché à Paris c'était déjà fini depuis 50 ans.

Oui, ça m'a semblé légèrement anachronique. Mais puisqu'il parle de ses souvenirs, il l'a peut-être vu. Même si ce n'était certainement plus une attraction habituelle, ça pouvait peut-être arriver encore, par exemple pour un cirque itinérant qui faisait sa réclame pour la représentation du soir.

A noter que le métier existe encore :
http://www.leparisien.fr/paris/la-fondation-bardot-s-attaque-au-montreur-d-ours-30-04-2006-2006946428.php

-La sortie au cinéma de quartier-un peu minable et inconfortable - était bien plus répandue qu'ils ne disent.

Oui, dans l'ensemble, on allait au cinéma (puisqu'il n'y avait pas la télé). Mais vu qu'il se base sur ses souvenirs, il est possible aussi que ce qu'il décrive corresponde à ses souvenirs, dans une famille qui allait peu au cinéma.

A propos de la télé, à un commentaire qui lui dit que les Meynadier auraient pu économiser pour acheter la télé, il répond que dans son cas il s'en fallait encore de 8 ans (1962) et que, 5 ans après la date de cette évocation (1953 + 5 = 1958), il n'y avait qu'un poste dans tout l'immeuble :

Les Meynadier que j’ai connus n’en étaient pas encore à économiser pour la télévision. Chez nous, l’« étrange lucarne » n’est entrée qu’aux alentours de 1962. Notre vieil immeuble avait été démoli et nous avions été relogés 4 ans plus tôt dans ce HLM tant convoité. En 1958, il n’y avait qu’une locataire, infirmière à Cochin et veuve, qui possédait un poste dans l’immeuble. Nous nous retrouvions chez elle à 10 ou 12 gamins, entassés sur le parquet devant le poste pour regarder les épisodes de Cochise.

On voit bien avec cet exemple que ce lecteur lui suggérait un anachronisme, et on voit la difficulté qu'il y a à dater correctement des souvenirs, dans cette époque qui évoluait très vite. Par exemple, d'après cette source, 8,4 % des ménages équipés d'une machine à laver en 1954 mais déjà 24 % en 1960. A quelques années près le mode de vie et la société avaient déjà évolué... http://www.chartres.fr/fileadmin/user_upload/Actus/Pdf/DP_annees_50__GOOTENBERG_OK.pdf

A part ces quelques imprécisions, le tableau est quand même intéressant. Parce qu'on perd un peu la compréhension du mode de vie de l'époque.

Ma mère, née juste après guerre, a connu un appartement de ce style dans une grande ville de province, si ce n'est que ses parents, tous deux fonctionnaires, ne pouvaient se payer qu'un 3 pièces et les 3 filles partageaient la même chambre. Donc pour moi, la différence est encore plus flagrante avec un couple de fonctionnaire d’aujourd’hui, pas nécessairement en HLM...
Les vacances, c'était en train, ils n'avaient pas de voitures, par contre, je ne sais plus ce qu'il en était des questions d'hygiène. Après avoir connu la guerre, mes grands-parents ne se plaignaient pas de leur conditions de vie, et ont menée somme toute une vie modeste mais heureuse dont le point culminant est certainement venue avec la retraite.

Par contre, ce qui est emmerdant avec Agorachiotte, c'est toujours la petite référence à Saint Méchantcon (qui nous sauvera tous - amen). Je crois que même dans leur pantalon, ils portent à gauche.