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Comment se chauffer au temps des restrictions .

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Comment se chauffer au temps des restrictions . Empty Comment se chauffer au temps des restrictions .

Message par Catharing Mar 29 Nov 2022 - 19:53

La guerre en Ukraine, l’inflation galopante, les incertitudes sur l’approvisionnement en gaz ou en électricité pour cet hiver…
Tout cela incite à nous tourner vers le passé et à scruter le dernier grand épisode de pénuries en tout genre de l’Histoire de France, le temps de l’Occupation allemande.
En février 2020 a été opportunément réédité en version électronique  pour liseuse un petit ouvrage de 1940 « Comment se chauffer au temps des restrictions ». Livre de circonstances, il a probablement été rédigé les mois précédant le premier hiver de ‘l’Occupation allemande, celui de 1940-41.
Nous avons sélectionné ici quelques extraits parmi les plus légers et amusants.
Mais ne nous y trompons pas! « Comment se chauffer au temps des restrictions » est un ouvrage sérieux qui a pour ambition de répondre aux nécessités du temps. Son auteur, Jean Dannenmuller (1913-1998), était  journaliste ; il fut aussi un grand résistant, secrétaire de Georges Bidault et  déporté à Dachau.
...
Comment se chauffer au temps des restrictions . Captu121

C’est le temps des restrictions.
C’est le moment d’être ingénieux, chacun dans son domaine.
Tandis que la ménagère fait des prodiges culinaires, et qu’elle arrive à contenter les gastronomes de la famille, sans sucre, sans lait, sans pommes de terre, sans riz ; tandis qu’elle s’ingénie à blanchir le linge sans savon, sans eau de Javel et sans feu ; pendant que les enfants s’apprennent à marcher sans traîner les pieds, parce qu’on va manquer de cuir ; tandis que chacun cherche et trouve sur quoi orienter ses efforts, le chef de famille, lui aussi, « veille au grain » pour les choses qui sont de son ressort. Au seuil de l’hiver, les premiers froids, les vents humides de novembre, mettent le problème du chauffage en avant de ses préoccupations, de ses soucis. Or, c’est un problème à plusieurs inconnues.

 A quelle quantité de charbon aura-t-on droit ? On l’ignore. Comme on ignore ce que l’on pourra se procurer de bois. Comme on ignore ce que l’on obtiendrait de gaz si l’on envisageait de se chauffer au gaz. Comme on ignore même si l’électricité ne sera pas coupée. Avec bonne humeur. — Et sur toutes ces questions qu’il se pose pour son propre foyer, le père de famille s’interroge aussi pour le jeune ménage, ou pour sa vieille maman.

 C’est le temps des restrictions. N’est-ce pas aussi le moment d’être fraternel ? Et patient ? Aurait-t-on moins froid en se serrant ? Deux rations de charbon réunies suffiront peut-être à la salamandre qui ne peut se contenter d’une seule. Mais le gendre est indépendant et la belle-mère insupportable ? N’importe ! Ces temps-là sont révolus. Tout est changé. Rien ne va plus.
Pour chauffer la maisonnée, réchauffons d’abord les cœurs. L’enjeu n’est pas si mince. Si vivre ensemble c’est s’accorder quelques concessions ; si vivre chacun chez soi c’est grelotter tout l’hiver, entendons-nous.

Extraits:
COMBUSTIBLES DE REMPLACEMENT
La rareté et la cherté du charbon ont conduit beaucoup d’industriels à essayer de brûler des sous-produits qui, jusque-là, étaient perdus. On est arrivé dans beaucoup d’usines à supprimer complètement la consommation du charbon.
Pourquoi n’arriverait-on pas à la supprimer aussi — pour un temps —, sinon totalement au moins en grande partie, dans l’usage domestique ?
Ces sous-produits, déchets, résidus combustibles sont extrêmement divers. Il est rare qu’on n’en trouve pas plusieurs aux alentours de chez soi.
Ce sont en général :
la sciure et les copeaux ou déchets de bois ;
la tannée ;
les ordures ménagères ;
les résidus des papeteries ;
les cosses d’arachides ;
les cosses de haricots et de pois ;
les marcs de raisins et de pommes ;
les déchets d’olives ;
les écosses d’amandes ;
les balles de maïs ;
le liège en poussière ;
l’écorce de noix de coco ;
les noyaux de fruits ;
les roseaux ;
le fraisil de locomotive ;
les résidus de combustion des foyers ;
les pailles de blé ou d’orge
. Certaines de ces matières sont auto-combustibles. Elles brûlent seules. Les autres, semi-combustibles, sont trop chargées d’eau et ne peuvent brûler qu’entourées d’auto-combustibles.
....
Une mine dans la poubelle. 
— Dans la poubelle, là, sous l’évier ? — Parfaitement ! Mais c’est un filon pauvre. Pauvre, parce que chacun de nous, estime-t-on, ne produit que 500 à 700 grammes de ces matières par jour. Si on est dix dans la maison cela fait de 5 à 7 kilos de combustible journalier. C’est beaucoup quand il faut descendre cela tous les jours. C’est trop peu, n’est-ce pas ? quand on veut se chauffer.
On a tout essayé pour se débarrasser des ordures ménagères. On n’a rien trouvé de mieux que la combustion. Un seul inconvénient : cette combustion doit se faire à haute température. Le mieux est de mélanger les ordures ménagères avec des combustibles inférieurs, tels que la sciure, la tourbe, la tannée. On a remarqué que, plus un pays est froid, plus les ordures ménagères sont sèches, et donc brûlent plus facilement. La combustion d’un kilo d’ordures donne généralement un kilo de vapeur. Dans une ville de 100.000 habitants on a donc une production quotidienne de vapeur équivalente à celle que produisaient 7 à 8 tonnes de houille.
La tannée. — Vous êtes près d’une tannerie ?
Brûlez de la tannée. C’est le tan mêlé de chaux qui a servi à préparer les cuirs et qu’on retire des fosses à tanner. Le tan est, comme on le sait, le résidu des écorces d’arbres, principalement de chêne, débarrassées du tanin qu’elles renfermaient avant leur emploi. Le résidu du tan contient, quand il est sec, de 25 à 30 % d’eau ; il brûle facilement, en laissant une proportion de cendres qui peut s’élever à 10 %. Cette grande quantité de cendres donne une combustion lente, ce qui est parfois avantageux. On fabrique avec la tannée des mottes ou agglomérés ayant la forme d’un disque de 0 m. 20 de diamètre et de 0 m. 03 de hauteur et pesant environ 0 k. 35. Prix de vente : celui du bois à brûler.

Aux Etats-Unis on économise 2 millions de tonnes de charbon par an en brûlant de la tannée. Papier + colle = charbon. — Si vous avez des vieux papiers, chauffez-vous au papier, faites-en des boulets, comme le font les nordiques. Tous les papiers sont bons : vieux journaux, cartons, papiers d’emballage, etc... Dans une cuvette quelconque, un récipient que vous n’avez aucun intérêt à garder propre, une lessiveuse réformée par exemple ou une vieille bassine à vaisselle, vous ferez tremper tous ces papiers, en y ajoutant de la colle à froid en poudre. La colle Rémy est tout indiquée. Au bout de deux ou trois jours, le tout est en bouillie. Vous le remuez, pétrissez bien. Puis vous prenez cette bouillie par poignée, vous la pressez fortement en boulettes de la grosseur des boulets d’anthracite que vous ferez sécher sur du bois ou de la pierre, jamais sur du métal.
Lorsque ces boulettes seront devenues dures (à l’air, il faut plusieurs mois ; mais, dans une pièce déjà chauffée, ce séchage peut durer beaucoup moins longtemps), vous vous en servirez pour couvrir votre feu, soit dans un poêle, soit même dans une grille, en ayant bien soin de supprimer presque totalement le tirage.
Elles mettront à se consumer toute une nuit ou toute une journée en couvant le feu. Il vaut mieux ne pas se servir de ce procédé dans des chaudières de chauffage central ou des salamandres. Les boulettes y brûleraient trop vite. Dans la pâte qui sert à confectionner les boulettes, on peut ajouter de la sciure pour leur donner plus de tenue au feu (voir plus loin : briquettes sans charbon). Le pouvoir calorifique du papier, sous quelque forme que ce soit, est supérieur à celui du bois. On ne peut cependant pas brûler du papier tel quel : froissé, il faudrait passer son temps à charger son foyer ; tassé (un livre entier par exemple), il se consumerait trop lentement. Si l’on répugne à faire des boulettes, on peut confectionner des bûches de papier serrées avec un simple fil de fer. Il faut qu’elles soient de petite épaisseur et peu longues. On les emploiera comme des bûches de bois.

En Ecosse, on brûle du papier découpé en longues lanières tressées deux par deux.
Marcs de raisins et de pommes. — En Bourgogne, en Lorraine, dans le Bordelais, brûlez du marc de raisins ; dans les pays à cidre, brûlez du marc de pommes. Le marc de raisins bien séché brûle tel quel. Le marc de pommes s’emploie en boulettes séchées. Le marc de raisins a un grand pouvoir calorifique. Les mottes de marc de pommes ne peuvent servir, placées sur du bois ou du charbon ou autre combustible, qu’à tenir le feu. Le marc du malt matinal, conservé quelques jours après usage, ira au feu lui aussi.
...
Périscope ? Thermophore ! — Cet objet, très disgracieux il est vrai, mais efficace, ne peut se détraquer. On le combine avec des tuyaux et des coudes pour poêles. C’est une sorte de T à branches courtes posant par une attache sur le dessus de la cheminée. L’air de la pièce entre par les branches du bas chauffées par les flammes et sort par le haut.
Comment se chauffer au temps des restrictions . Thermo10

Dernier extrait.... mrsgreen

« Douze degrés suffisent. »
   Enfin, il faut se dire que si les installations de chauffage sont généralement prévues pour entretenir une chaleur de 18° dans la maison, on peut très bien vivre avec 12° seulement. Il suffit d’en prendre l’habitude. Mais pour travailler immobile, il faut 14° en se calfeutrant.

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"Le problème avec ce monde est que les personnes intelligentes sont pleines de doutes tandis que les personnes stupides sont pleines de confiance."
"Quand on se fait vieux, on se réveille chaque matin avec l'impression que le chauffage ne marche pas."
C'est ça le problème avec la gnôle, songeai-je en me servant un verre. S'il se passe un truc moche, on boit pour essayer d'oublier; s'il se passe un truc chouette, on boit pour le fêter, et s'il ne se passe rien, on boit pour qu'il se passe quelque chose.
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