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Les prises d'otages massives (POM)

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Les prises d'otages massives (POM) Empty Les prises d'otages massives (POM)

Message par Catharing Sam 14 Nov 2015 - 15:36

Salut,

Publié en Janvier 2013,cette interview du Général Thierry Orosco ,chef du GIGN,suite à la prise d'otages sur le site gazier d'In Amenas en Algérie

Le Point : Quel regard portez-vous sur la prise d'otages d'In Amenas ?

Général Thierry Orosco : Tout d'abord, vous comprenez bien que je ne peux avoir un autre avis que celui d'un opérationnel. Je constate que la manoeuvre a été conduite en fonction de choix politiques qu'il ne m'appartient pas de commenter. Deux points ont été clairs dès le départ : les autorités seraient très fermes sur la protection de leurs ressources naturelles et leur attitude ne serait pas modifiée par la présence d'otages étrangers. Les revendications sur l'arrêt de l'intervention française au Mali et l'échange des otages américains contre deux militants emprisonnés aux États-Unis n'étaient pas recevables.

Les conditions de cette prise d'otages étaient très particulières, avec de très nombreux otages et ravisseurs. Quelles observations en tirez-vous ?
Cette prise d'otages massive, ou "POM" dans notre langage, a confirmé toutes nos analyses, qui avaient amené le GIGN à se restructurer profondément en 2007 pour faire face à ce type de menaces.
Nous avions déjà vu, lors des prises d'otages du théâtre de la Doubrovka à Moscou (2002), de l'école de Beslan en Ossétie du Nord (2004) ou encore lors des attaques de Bombay (2008), que les terroristes arrivent en grand nombre, sont puissamment armés et disposent des pièges pour ralentir la progression des forces d'intervention et éliminer des otages. À la Doubrovka et à Beslan, les preneurs d'otages s'étaient retranchés et les Russes ont pu s'approcher.
À Bombay, les terroristes avaient établi des plans de défense avec des feux battant des espaces importants pour faire des dégâts sur la police avant l'assaut. En Algérie, les forces spéciales ont aussi dû reconquérir un "glacis" avant d'atteindre les otages qui avaient été piégés. Dans cette phase, les blindés sont indispensables.

Avez-vous mis au point des méthodes nouvelles pour faire face à ces défis ?
Certaines demeurent confidentielles, mais je peux vous dire que nous avons développé des techniques de "dépiégeage d'assaut". Il ne s'agit pas de déminer avant de progresser, mais d'accompagner l'assaut avec des spécialistes capables de faire contourner un piège ou de le neutraliser en urgence afin de ne pas ralentir la progression de la colonne d'assaut.

Quelles autres leçons avez-vous tirées, à ce stade ?
Il est bien trop tôt, car nous ne disposons pas d'éléments suffisants. Pour autant, nous voyons la confirmation de l'importance qu'il faut apporter à la gestion du temps.
Le temps "opérationnel" est le même pour les terroristes et les forces de sécurité. Mais pour les premiers, il s'agit d'occuper les médias le plus longtemps possible, de profiter de l'impact mondial de l'opération.
D'autant plus qu'ils savent leurs revendications impossibles à satisfaire. Et pour les seconds, il faut du temps, pour recueillir du renseignement, pour faciliter la montée en puissance des forces, faire venir des renforts et pour construire une manœuvre plus élaborée.

Selon les particularités de tels événements, quelles sont, pour vous, les options possibles ?
Nous en avons trois.
La première, c'est l'opération longue que nous avons le temps de préparer, avec les personnels nécessaires. Il s'agit de jouer sur les diversions, la discrétion, la fulgurance, pour prendre l'ascendant sur l'adversaire.
Si le temps nous est compté, par exemple si les preneurs d'otages font des victimes, il faut monter un plan d'assaut d'urgence, éventuellement en mode dégradé (avec des moyens minimaux, NDLR).
La troisième option, c'est le plan d'assaut immédiat. Le temps est alors rétréci et on envoie des opérationnels en les faisant intervenir dès qu'ils arrivent sur place, sans aucune préparation, c'est-à-dire en mode très dégradé.

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C'est ça le problème avec la gnôle, songeai-je en me servant un verre. S'il se passe un truc moche, on boit pour essayer d'oublier; s'il se passe un truc chouette, on boit pour le fêter, et s'il ne se passe rien, on boit pour qu'il se passe quelque chose.
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Message par Catharing Sam 14 Nov 2015 - 20:26

Article de Juillet 2013
La guerre du temps
(Les gendarmes d'élite changent leurs modes d'action avec l'obsession d'aller plus vite face aux nouvelles formes de terrorisme)

A la caserne Pasquier, sur le plateau de Satory à Versailles, le GIGN invente très discrètement le contre-terrorisme de demain. Celui-ci tient en un concept : « la guerre du temps ».
Ou selon la formule anglaise, co-inventée avec l’unité spéciale israélienne Yamam, le « shorter battle process », le raccourcissement de la bataille.

Au fil des ans, le temps des prises d’otages terroristes raccourcit.
 En 2002, à Moscou, il avait fallu attendre 52 heures avant que l’assaut soit donné contre les Tchétchènes du théâtre de la Doubrovka.
 En janvier dernier, les Algériens n’ont mis que 24 heures pour passer à l’action contre le commando d’AQMI retranché sur le site gazier d’In Amenas.
 En dix ans, cette durée a été divisée par deux. « Les terroristes savent parfaitement qu’ils ne peuvent pas s’en sortir. Leur préoccupation est médiatique : donner le maximum d’impact à leur action, explique-t-on au GIGN. Leur problème est de savoir combien de temps ils peuvent tenir à la Une de la presse et des télés mondiales.
On pense aujourd’hui qu’après 24 heures, les médias passent à autre chose et on entre alors dans une zone de vulnérabilité. Du coup, cela peut accélérer la liquidation des otages et le suicide collectif des terroristes. Ceux-ci ont compris que leur faiblesse, c’est de durer. Ils mèneront donc de plus en plus des opérations flash…»


Ces modes d’action obligent le GIGN à se réorganiser : les hommes chargés du soutien, par exemple l’approvisionnement en munitions, doivent aussi être en alerte quasi-permanente.

Car, ce à quoi se préparent les gendarmes du contre-terrorisme depuis quelques années, ce n’est pas à gérer un forcené ou un terroriste isolé, comme Merah.

Leur défi, c’est aujourd’hui la prise d’otage massive, la POM comme on dit à Satory.
Le théâtre de la Doubrovka à Moscou, Beslan dans le Caucase russe (2004), les attentats de Bombay (2008), In Amenas en janvier 2013, sans oublier la tuerie de Breivik.


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