Coûts irrécupérables : un piège

Suite à une phrase de Krav' sur les paysans endettés qui ne savent plus lâcher l'affaire au nom des investissements et efforts souvent démesurés précédents et deviendraient vains.


Une petite recherche me donne un page très bien faite sur ce biais cognitif bien référencé : https://asana.com/fr/resources/sunk-cost-fallacy

A mon retour du service militaire ce qui est mon vrai début professionnel (charge de travail et d'attention, plus un simple boulot occupationnel) je ne suis pas satisfait du salaire possible et du niveau de poste avec le diplôme de comptabilité que j'ai. J'ai surestimé ce à quoi je pouvais prétendre et le niveau de vie auquel je pourrai viser une fois parti de chez mes parents. 

Je me lance dans la préparation en cours du soir et du samedi d'un diplôme réputé difficile, le DECS devenu DESCF depuis. A l'époque sans internet les statistiques de réussite ne sont pas disponibles, elles le seront plus tard : 25  à 30 %  par certificat (3 ), étudiants à plein temps et salariés en cours du soir mélangés ce qui laisse en fait très peu de résultats en  % pour le CNAM.

1 ère année : Je n'ai pas compris ce qu'était le volume de travail nécessaire dans le vrai supérieur ni compris les méthodes.  Le cours n'est qu'un support et il faut approfondir dans les livres, voir la BU du Cnam le samedi. Les loisirs en prennent un coup mais je ne mords pas encore sur le temps de repos =>   Échec évident! 

2 ème première année: J'ai à peu près compris méthodes d'étude et volume de travail nécessaire... En travaillant à coté 40h/semaine c'est sans doute tenable sur une année universitaire par certains mais  pas par moi d'autant qu'ayant échoué en juin je sacrifie mes vacances pour réviser pour les épreuves de septembre (à suivre)

Le bilan de cette deuxième année aurait  du être d'admettre que je suis loin de pouvoir fournir ce que font ceux qui semblaient réussir, de plus je n'avais pas les bases qu'ils ont et je sais que plus tard dans d'autres UV comme les statistiques je devrai en plus revoir les maths du lycée le cours démarrant avec cet acquis. 

Problème : J'ai raté aux deux cessions mais ce n'est pas un échec cataclysmique grosso/modo 7/20 et un peu plus de la moyenne dans une matière un peu secondaire. Ce demi échec est donc comme une invitation à recommencer. J'ai un acquis, mais un acquis improuvable à un employeur et je ne veux pas perdre cet acquis qui ne me sert pas à grand chose en fait  - En France on paye au diplôme! Et cet acquis je ne veux pas le perdre, je ne PEUX pas le perdre!

Ce sont les deux dernières années où je vis chez mes parents et j'ai financé ces formation sans difficulté avec mon modeste salaire, à partir de l'année d'après, avec un loyer à payer, il y aura en plus la sensation de cette perte financière pour rien si j'abandonne...

J'ai du tenter l'examen 4 fois dont trois sérieuses, l'examen étant composé de 3 certificats que l'on peut passer dans n'importe quel ordre j'ai tout tenté.

Après il y aura encore des tentatives décousues avec des années sans rien mais 10 ans après la première tentative j'avais encore des velléités, des bouffées de reprise d'études.

Un immense gâchis de temps d'étude, de loisirs sacrifiés, de mauvais travail au boulot car trop fatigué et déprimé en burn-out... donc d'ennuis là aussi  (à suivre)

Ce comportement semble avoir été un trait profond de mon caractère et un vrai problème ...

Parallèlement à cette obstination  sur un diplôme que je n'avais visiblement pas la capacité de réussir en cours du soir pour salarié  j'ai eu le même fonctionnement pour le permis moto  où à défaut de temps j'ai englouti de l'argent qui m'aura fait défaut ailleurs. Ce n'est que la péremption au bout de 5 ans du code spécifique que j'avais repassé qui m'avait fait abandonner cette lubie.

Pour ce qui est du diplôme DECS j'ai eu un jour, enfin , l'illumination qui m'a libéré : Je mes suis rendu compte que certains collègues qui me ressemblaient beaucoup professionnellement et l'avaient obtenu difficilement en étant étudiants (en mettant le double de temps ou presque) à temps plein n'avaient pas une situation tellement meilleure.

 L'incapacité à encadrer du personnel et à gérer les conflits qui alors peuvent survenir ainsi qu'à supporter beaucoup de stress limite la rentabilisation de ce diplôme à un poste de "super-technicien" surdiplômé. Certaines majors du CAC40 ayant un peu de moyens préférant par sécurité prendre des gens surqualifiés en les payant 15 % plus en moyenne que le marché du poste (Aéroport de Paris - Compagnie aériennes, ...) Alors tout ça pour ça , ça n'en valait pas la peine!

 J'aurais obtenu le même résultat salarial avec la capacité de travailler en anglais.  Le "bilingue" des annonces d'emplois est souvent de l'anglais de travail ,lecture et rédaction de fax à l'époque, loin du vrai bilinguisme. Perfectionner et stabiliser son anglais du lycée (diff. d'une langue à départ niveau 0) c'est 30 minutes de travail par jour, un bon coup de révision de la semaine en 2 heures maxi le week-end, et un investissement vacance en GB l'été en fuyant tout contact francophone. Tout ce ceci sur une seule année ... et pas d'examen stressant à la fin.

Je vois aussi une qualité dans le défaut que tu soulignes Philippe . Ne pas baisser les bras , insister est justement ce qui fait défaut à pas mal de gens , notamment les jeunes qui ont si peur de l'effort et de l'échec .
Après clair qu'il faut pas mal de sagesse et ou d'expérience pour distinguer habilement persister et s'obstiner .