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La crise ukrainienne par le petit bout de la lorgnette

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Message par Résilient Ven 21 Mar 2014 - 11:43

Salut !
Je ne sais pas trop où poster ça, peut-être ici : https://www.le-projet-olduvai.com/t2634-la-prospective-de-a-a-z. Merci aux modos de trancher !

Si vous jugez que l’exercice n’est pas intéressant et/ou pas dans la ligne du forum, on peut laisser tomber, pas de souci.  

En fait, ce que j’essaie de faire, c’est d’intégrer à la réflexion sur le sujet de l’Ukraine des éléments qui ne sont traités que comme des « points de détail » dans les médias mainstream, et qui ont un rapport avec la ligne de ce forum. 


En l’occurrence, j’en vois deux pour le moment (à vous de compléter si le cœur vous en dit) : 
 
-       la sécurité alimentaire (envisagée à la fois du côté européen et du côté russe) ;
-       le risque nucléaire avec Tchernobyl (même remarque).
 
L’idée n’est pas de refaire l’histoire de la crise avec des « si », mais simplement d’essayer de comprendre pourquoi l’Ukraine représente un enjeu fort à la fois pour l’UE, mais aussi pour la Russie, et en essayant d’adopter une vision plus pragmatique et plus matérialiste que celle que nous livrent les médias, à savoir une vision binaire « pro-UE vs anti-UE ».
Au final, j’aimerais qu’on essaie de voir ce qu’on ne nous montre pas, ou ce dont on ne juge pas utile (en toute bonne foi ou à dessein) de nous parler dans les médias.  
  
Aux origines de la crise actuelle, les médias et les analystes présentent deux choses :
 
- les tergiversations de l’Ukraine entre la tentation européenne et la tentation russe. L’exécutif ukrainien a penché pour le second, officiellement pour des questions d’argent : « Viktor Ianoukovitch a donné une répétition du message destiné aux oreilles européennes, juste avant de quitter Kiev. Il juge «humiliants» les 610 millions d'euros promis par l'UE pour la signature d'un accord. C'est un «bonbon dans un joli papier» dit-il. Lui-même chiffre la facture à 20 milliards par an, une manière sans doute de faire monter les enchères, après les promesses et les menaces que Vladimir Poutine lui a directement formulées, en tête à tête. «Européens, à vous de jouer!» semble-t-il dire » ». (source)
 
A côté de ces sommes promises par l’UE, «  Le conseiller économique du Kremlin, Sergueï Glaziev, avait fait miroiter une coopération économique se chiffrant en «dizaines de milliards de dollars», si Kiev renonçait à s'associer à l'UE. » (source)
 
 
- Un problème de compatibilité de vue sur les droits de l’Homme et la justice (questions faisant d’ailleurs l’objet d’une feuille de route entre l’UE et l’Ukraine) qui s’est cristallisé autour de la question de l’extradition de l’ex-premier ministre Ioulia Timochenko en Allemagne. 
 
Je pense (mais ce n’est que mon avis personnel), que l’extradition d’un prisonnier politique pèse assez peu face à l’intégration d’un pays de 46 millions d’habitants dans l’UE.
 
Reste donc, toujours AMHA, que le point de blocage, finalement, c’est l’argent.
 
Maintenant, examinons les deux éléments (sécurité alimentaire et Tchernobyl) un peu plus en détail.
 
1 – La sécurité alimentaire
 
Côté UE, il n’y a pas eu, à ma connaissance du moins, de déclaration portant sur ce point.
Néanmoins, on notera que l’UE, a signé plusieurs accords et notamment « l’accord de partenariat et de coopération (APC), entré en vigueur en 1998, qui définit le cadre de la coopération dans les principaux domaines de réforme » et celui « du sommet de Paris en septembre 2008, par lequel l’UE et l’Ukraine ont décidé d’ouvrir les négociations d’un accord d’association qui succédera à l’accord de partenariat et de coopération (et qui) vise à approfondir significativement l’association politique et l’intégration économique de l’Ukraine avec l’UE » (Source)
Pour l’agenda des accords et leur contenu, voir ici
 
Ces accords ont abouti à la mise en place d’un certain nombre de partenariats scientifiques et techniques qui ont pour objectif, sur le plan agricole, les normes européennes sanitaires et phytosanitaires en vigueur au sein de l’UE :
 
« Ce Centre a également organisé avec l'appui du MAAF et des deux Ambassades, les premières journées de l'enseignement agricole ukrainien en France, les 28 et 29 mai 2013. Ces journées avaient pour vocation de renforcer les partenariats techniques, pédagogiques et scientifiques entre instituts français et ukrainiens de formation et de recherche agricole. Enfin, la France participe avec la Lettonie au consortium dirigé par l'Allemagne, auquel est aussi associée la Lituanie, qui a remporté en février 2012 le jumelage européen sur l’harmonisation de la législation phytosanitaire en ukraine. Doté d'un budget de 1,2 M€, le jumelage s'articule autour des quatre volets suivants :

• harmonisation de la législation pour le contrôle de la quarantaine des végétaux ;

• renforcement des capacités institutionnelles des services compétents pour mettre en œuvre cette législation ;
• amélioration des contrôles phytosanitaires afin qu’ils soient l’équivalent des normes européennes ;
• amélioration de la mise en réseau des laboratoires ».
 
source)
 
L’Europe, et ici par exemple, la France, a donc investi dans l’agriculture Ukraine en vue de l’intégration de l’Ukraine (et donc de ses terres fertiles) dans l’UE.
 
Le fait est que les négociations sont actuellement suspendues et que l’Ukraine s’est tournée (ses gouvernants, au moins) vers la Russie.
 
La Russie dont le Président Medvedev affirmait en 2010 que «La sécurité alimentaire en Russie fait partie intégrante de la sécurité nationale du pays ». « Cette phrase résume l’ambition affichée par la Russie en matière agricole pour la période 2013-2020. L’objectif fixé dès 2010 par le Président Medvedev est d’atteindre l’autosuffisance alimentaire en 2020. » (Source)
 
Donc, entre une Europe qui investit et une Russie qui a des ambitions affichées, on pourrait raisonnablement penser que la question de la sécurité alimentaire peut faire partie des origines de la crise ukrainienne.
A ce jour, l’UE a réalisé ce que l’on pourrait appeler un « transfert technologique » vers l’Ukraine en matière agricole. Transfert dont elle ne bénéficie pas, dans l’état actuel des choses.
 
Si la crise actuelle devait déboucher sur une partition de l’Ukraine, la division du pays se ferait, schématiquement, entre un ouest du pays pro-européen et un est pro-russe (et peut-être en suivant la frontière naturelle du Dniepr). Les tchernozioms seraient alors en possession quasi-exclusive de la Russie, qui assurerait ainsi à la fois la réussite de ses ambitions alimentaires et de ses ambitions stratégiques (une ouverture vers les mers chaudes via la Crimée).
 
Cette potentielle double victoire est évoquée ici : « Eu égard aux déterminants économiques du pays, une partition de l’Ukraine se ferait à l’avantage net de la Russie qui y récupèrerait les régions les plus productives et les plus intéressantes géopolitiquement avec un accès renforcé à la Mer Noire »(Source)
 
2 – Tchernobyl


En cas de partition de l’Ukraine sur le schéma ci-dessus, la gestion de la centrale reviendrait à la « partie européenne » de l’Ukraine, donc à l’UE. 


D’ailleurs, le nouveau sarcophage de la centrale est une réalisation purement européenne : « le groupement "Alliance" est constitué de 6 entreprises européennes : Campenon Bernard SGE–France (leader), AEA Technology–UK, Bouygues–France, SGN–France, Taywood Engineering–UK, Walter Bau–Allemagne » (Wikipédia)


On sait aujourd’hui que le nouveau sarcophage, financé par les membres du G8 et l’Ukraine, devrait coûter environ 1,5 milliards d’euros, se terminer en 2015 et tenir jusqu’en 2023. Après quoi, il faudra recommencer, le tout, pendant quelques dizaines de milliers d’années…ça commence à chiffrer, en fait.


La question qui peut se poser, c’est celle du financement à venir. L’explosion de l’URSS avait obligé l’Ukraine à gérer seule le problème Tchernobyl, ce qui était impossible. La communauté internationale est donc intervenue pour aider ce « petit pays pauvre » à éviter une catastrophe d’ampleur continentale. Si Tchernobyl est géographiquement et politiquement intégré dans l’UE (une grande puissance économique mondiale), les autres pays continueront-ils de payer ?

Dans les faits, l’UE risquerait de se faire refiler un joli paquet de pus…
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Message par Cyrus_Smith Ven 21 Mar 2014 - 12:22

Intéressant cette idée de réfléchir à des causes plus profondes!

Résilient a écrit:On sait aujourd’hui que le nouveau sarcophage, financé par les membres du G8 et l’Ukraine, devrait coûter environ 1,5 milliards d’euros, se terminer en 2015 et tenir jusqu’en 2023. Après quoi, il faudra recommencer, le tout, pendant quelques dizaines de milliers d’années…ça commence à chiffrer, en fait.
Je n'ai pas suivi de près, mais ce 2023 m'étonne. J'en étais resté à "une durée d'au moins cent ans". Ne s'agit-il pas de la fin des travaux de démantèlement partiel qui doivent avoir lieu en-dessous?
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Message par Résilient Ven 21 Mar 2014 - 12:27


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